Chantilly Arts & Elegance 2017

- textes et photos par Matthieu et Nino -       


Nous y voilà enfin ! A l'approche du mois de septembre monte en nous une excitation tout à fait particulière : l'arrivée du mythique Chantilly Arts & Elegance. A l'occasion de sa quatrième édition, l'événement pose ses fondations sur deux journées, les 9 et 10 septembre. Le samedi devient immanquable et nous sommes désormais à deux doigts de le préférer au dimanche... explications !

 

Deux rallyes viennent rythmer la journée du samedi, le rallye des collectionneurs et le rallye supercars. Suite à une immense communication de la part de Peter Auto, le public est invité à admirer les autos des deux rallyes aux bords des routes de l'Oise... De plus, les autos auront désormais droit aux appréciations des juges en cette journée, plutôt que le lendemain. Cela implique un changement d'horaires le dimanche pour les nombreux défilés. Les lauréates du Concours d'Etat défileront donc en milieu de matinée, tandis que le Concours d'Elegance débutera vers quatorze heures dans la foulée du spectacle équestre de Mario Luraschi. Enfin, les Best of Show sont décernés à la fin de la journée, ce qui n'est pas voué à changer.

 

Notons également que Ferrari fête en cette année 2017 ses soixante-dix bougies. Il va de soi que le Domaine de Chantilly se devait d'encenser ces magnifiques carrosseries. Néanmoins, en soixante-dix années, Ferrari a produit des dizaines de milliers d'automobiles. Il fallait donc que l'étau se resserre autour d'une catégorie de modèles. Et ce sont les divas au glorieux passé qui seront privilégiées... En effet, Peter Auto a décidé de mettre les petits plats dans les grands et ce n'est rien de moins que trente autos ayant participé aux 24 Heures du Mans qui obtiennent le précieux droit d'accès aux pelouses Le Nôtre.

 

Le Rallye des Collectionneurs 

 

Le samedi est qualifié comme un "prélude majeur" par Peter Auto. Et il est aisé de comprendre pourquoi ! Cette année, quelques semaines avant l'événement, furent dévoilées deux listes intéressantes pour nous autres : les autos prenant part au rallye des collectionneurs, ainsi que les participantes du rallye supercars. Cela est d'un point de vue regrettable car il n'y a plus aucune surprise en arrivant sur place, au coeur de la brume matinale, lorsque l'on aperçoit un bolide vrombissant au loin... et que l'on comprend qu'il s'agit d'une Ferrari 250 Testa Rossa de 1958, qui a gagné les 24 Heures du Mans. Ajoutons que, puisque nous disposions également de la liste regroupant tous les participants au Concours d'Etat, cela laisse un goût amer en bouche de voir que telle ou telle auto ne prendra pas part à cet incroyable rallye, regroupant plusieurs centaines de millions d'euros d'automobiles... Enfin, voir que telle ou telle auto manque à l'appel le jour J peut également avoir des influences sur notre humeur. En bref, nous préférerions être surpris en arrivant le samedi matin au château, ne sachant pas à quoi s'attendre.

 

Mais tout de même, quoi de mieux que de prendre le volant de sa Ferrari 250 GTO de 1964 ou d'une Alfa Romeo 6C 2300 B MM Spider Touring pour explorer les environs du Château de Chantilly et le magnifique département qu'est l'Oise ? Vos commandants de bord ont décidé, naturellement, de s'attarder sur ce rallye, celui des collectionneurs, plutôt que sur le rallye laissant la part belle aux autos modernes... Et, aujourd'hui, nous ne regrettons absolument pas notre choix ! A neuf heures trente pétantes, une vingtaine d'autos d'exceptions partent donc à la découverte de la campagne Isarienne - contrairement aux supercars, qui s'en vont à l'Ouest du château - parmi lesquelles nous pouvons citer la sublime Siata 140 S Daina Sport, une Ferrari 250 GT California Spyder et une Ferrari 250 GT SWB Competizione, ou encore quelques Daytona dont deux Groupe IV. Durant la pause déjeuner, mère nature a chamboulé le programme avec l'apparition d'un immense orage, inondant certains habitacles : cela explique peut-être que certains participants aient été trop prudents et n'aient pas pris le volant de leur auto ce matin.

 

Malheureusement, tous les participants ne suivent pas le road-book, il n'est donc pas rare de voir deux autos se croiser en sens inverse, ce qui est plutôt comique à visionner. Qui a raison ? Au final, les participants pouvaient se succéder en un seul et même point plusieurs heures durant. Un bonheur pour le photographe mais un malheur pour l'impatient. Cependant, restons sur une bonne note : ce rallye regroupait les plus belles voitures du monde dans des décors de rêve.

 

Le Rallye Supercars

 

Ne nous mentons pas : le résultat n'était clairement pas à la hauteur de nos attentes. En effet, l'année dernière nous étions sur un petit nuage à l'issue de la première apparition de ce rallye dans le paysage. Cette année également, lorsque l'organisation annonça la venue de plus de dix Bugatti Veyron. Nous n'avions donc jamais pensé que le rallye puisse se révéler être un échec cette année. Et pourtant, c'est ce qui se produisit. Aucune Veyron ne s'est présentée. Seules trois autos dignes de ce nom prirent part au rallye. Pas des moindres certes : une Aston Martin V12 Zagato, une Bugatti EB110 et une Ferrari F40 kit LM. Mais avouez que cela n'a rien à voir avec l'édition précédente ! Pour assumer le chiffre d'une vingtaine d'inscrits au rallye, Peter Auto se repose sur la venue du Club SLR : ces Mercedes désormais connues de tous firent le déplacement en masse avec une quinzaine d'exemplaires, dont une rare Stirling Moss qui apparut le samedi soir. Aucun membre de l'équipe n'a suivi le rallye, préférant délaisser ces belles au profit des vieilles mécaniques. Les photos que vous pourrez apercevoir dans cette galerie d'images ont donc été prises aux abords immédiats du Domaine de Chantilly, et parfois même sur les Pelouses Le Nôtre, qui magnifient les quelques exemplaires présents.

Le concours d'Etat

Un grand carrossier Français : Pourtout

Pas moins de neuf automobiles composent cette classe. De illustres manufactures sont présentes : Lancia, Talbot, Peugeot, Delage, Rémi Danvignes, ... La magnifique ligne de la Talbot T 150 C Roadster commandée aux spécifications "C" (pour course) par un aristocrate Portugais, notre petite chérie, ne lui a pas suffi pour obtenir le premier prix, qui fut décerné à la Delage D8-120 S Coach Sport, tandis que le prix spécial est attribué à la charmante Remi Danvignes CD4 Roadster.

Les voitures des grands musiciens

Cinq autos sont engagées au sein de cette classe, dont l'unique Porsche du concours, la 911 3.0 RS d'Herbet von Karajan, qui a remporté le premier prix Radio Classique. Les grands noms sont bels et bien présents, citons la Bentley Flying Spur d'Elton John, mais également une autre Flying Spur, la célèbre "Blue Lena" que Keith Richards des Rolling Stones acheta neuve en 1965 ou encore la Ferrari 365 GTS/4 Daytona, convertie en Spider, de David Gilmour, membre du célèbre groupe des Pink Floyd, venue par la route d'Allemagne. La France était également représentée par l'ISO A3C que Johnny Hallyday s'est offert à l'âge de 23 ans, avant de la revendre six mois plus tard. Elle obtient le Prix spécial du Jury.

Les Woodies

Celles-ci éveillent sûrement chez certains de vous de très anciens souvenirs, rappelant les camionnettes des campagnes américaines des années quarante. Voici les Woodies ! Une fois n'est pas coutume, nous retrouvons cinq autos au sein de cette classe. Une Chrysler de 1947 dont le nom décrit parfaitement le phénomène, Town & Country Convertible, est présente. Avec un nom tout aussi charismatique, une Nash Ambassador Suburban de la même année a fait le voyage. N'oublions pas une petite Mini toute mignonne. Enfin, deux chères françaises viennent compléter le catalogue, une Simca 8 Canadienne nous venant de Martinique, et une Peugeot 202 Boulangère - moins rapide que la Ferrari 250, mais plus utile - qui s'est vue attribuer le premier prix.

Un siècle de voitures électriques

Sujet fort de l'actualité au sein de la capitale française, suscitant nombre de polémiques, mais aussi dans d'autres grandes agglomérations, les véhicules électriques ne datent pourtant pas d'hier. Voici sept véhicules électriques retraçant trois siècles de tentatives révolutionnaires n'ayant, pour l'instant, jamais pris le dessus sur le thermique. La plus ancienne, datant de 1899, se nomme "La Jamais Contente" et elle détient le record du monde de la première voiture dépassant les 100 km/h. Le premier prix est attribué à la Detroit Electric model D Type R Brougham, qui fut le seul modèle que la firme Detroit ait pu produire. Et pour cause, en se consacrant uniquement à l’électrique, elle fit faillite dans les années trente. La marque a cependant été relancée en 2008 et un nouveau modèle est sorti l'année dernière. Avec quelle proportion de l'âme originelle... Plus connues du grand public, une Renault Dauphine, une BMW 1602 et le concept car BB1 de Peugeot sont également présentes ainsi qu'une Tesla Model S Art Car by Peter Klasen.

Les voitures de course et de sport à transmission par chaîne

La transmission par chaîne, technique bruyante, salissante mais efficace fit la renommée des véhicules du début du XXe siècle, à l'image de la Berliet Course de 1908, qui domina les épreuves importantes telles que la Targa Florio, le Tourist Trophy ou encore le Mont Ventoux. Cependant, c'est bien la Gladiator Grand Prix de 1904 que le jury choisit de récompenser avec le premier prix, tandis que la Panhard Grand Prix, au volant de laquelle Henri Cissac et son mécano se tuèrent au circuit de Dieppe lors d'une épreuve de sept heures, s'octroie le prix spécial.

Les Alfa Romeo à carrosserie spéciale d'avant-guerre

Est venu le temps de pénétrer dans le vif du sujet, avec les classes les plus attendues de cette quatrième édition. Pour cela, il est essentiel d'évoquer les Alfa Romeo à carrosserie spéciale, que deux classes mettent à l'honneur. Débutons par les avant-guerre. Alors forcément, les 6C et 8C sont de mise. La 6C 1750 Mille Miglia carrossée par Zagato joue le rôle de la vedette. Ce châssis a remporté, à peine sorti d'usine, en 1929, les Mille Miglia, ainsi que six grands prix et une victoire au Tourist Trophy. Des succès parmi tant d'autres... Au sein de ce magnifique écrin qu'est le château de Chantilly, elle remporte assez logiquement le prestigieux premier prix. L'autre lauréate de cette classe est l'Alfa Romeo 8C 2300 Mille Miglia de 1933, vitrine du carrossier français Etienne Brandone.

 

Notre coup de cœur va à l'Alfa Romeo 8C 2300B Mille Miglia. Une carrosserie Touring Superleggera, unique, vêt ce châssis #815001. On doit cette merveille à Franco Cortese, le premier propriétaire. Ce dernier l'engagea dans le championnat d'Italie, que l'auto remporta avec sept victoires au compteur sur les huit courses où l'engin prit part. Désormais propriété d’un collectionneur suisse, il n'est pas rare de la croiser lors de rassemblements historiques, en Europe mais également en Amérique. Espérons retrouver cette beauté en 2018 lors du Mans Classic !

Les Alfa Romeo à carrosserie spéciale d'après-guerre

Alors que les Alfa Romeo d'avant-guerre s'orientent naturellement vers la performance, les après-guerres se destinent plutôt à pavaner devant les plus grands palaces européens. Le premier prix est décerné à l'Alfa Romeo 3000 CM Superflow IV. Cet exemplaire poursuit sa tournée européenne, depuis le mois de février où nous avions pu l'apercevoir durant la folle semaine de Rétromobile. En cette année 2017, l'auto a pu être observée en Ecosse et à Londres par exemple ! Un beau parcours avant l'inévitable retour aux Etats-Unis... #00128 est une oeuvre signée Pininfarina. Quatre concepts-car durent être imaginés avant que cette surprenante version finale ne soit dévoilée !

 

Le prix spécial est quant à lui attribué à l'Alfa Romeo 1900 Super Sprint Zagato. Cet exemplaire, #01997, est l'un des quarante-deux carrossés par Zagato et l’un des trois importés en Suède en 1955 par le pilote de Formule 1 Joachim Bonnier, qui ne se refusait rien. Le moteur, la boite de vitesse ainsi que les cuirs sont d'origine ! En compétition également, nous retrouvons la 6C 2500 SS Villa d’Este Coupe qui a la particularité d'être, dans sa déclinaison, le dernier châssis de la dynastie, ainsi qu'une 6C 2500 Turismo Cabriolet et une 6C 2500 SS Villa d'Este.

Les barquettes Ecceterini

Les deux classes suivantes sont pour le moins passionnantes ! C'est une très bonne idée de faire revivre des marques oubliées de la plupart d'entre-nous : félicitations à Peter Auto. Vous l'aurez peut-être deviné, ces classes sont consacrées à de belles italiennes, celles qu'on surnomme les Ecceterini... 

 

Les festivités débutent avec les barquettes. Celle qui a su se démarquer, c'est la Siata 500 Record de 1946 : un style particulier que l'on vous laisse juger par vous-même, mais qui ne révèle en aucun cas du hasard. Ce châssis unique, #049535, fut développé par la firme italienne dans le but d'établir un nouveau record du monde de vitesse dans la classe des 500 cc, record alors détenu par la Nibbio, Best of Show de la Villa d'Este 2017. Mais ces efforts resteront vains. Ses voisines de pelouses, l'Osca-Maserati S498 (remportant le prix spécial), la Cisitalia 202 SMM Nuvolari Spider et la Moretti 1200S n'ont pas démérité à nos yeux.  Notre préférence va à la Goldmanini Barchetta de 1954, création unique que l'on croirait sortie de Spirou et Fantasio tant sa ligne est pure ! Malheureusement elle ne sera pas primée par le jury.

Les berlinettes Ecceterini

Les mignonnes autos italiennes forment une équipe de choc, à notre plus grand plaisir ! Si Matthieu était content de retrouver l'Osca MT4 LM qui fit tourner bien des têtes à la Villa d'Este, Nino l'était encore plus car cela représentait pour lui une découverte ! L'Intermeccanica IMP 700 GT était elle aussi présente à la Villa. N'oublions pas Franco Meiners qui a fait le déplacement avec sa rare Aguzzoli Condor, en plus de sa Ferrari 512S. 

Petites et Grandes

Le principe de cette inédite classe du Concours d'Etat n'est pas bien difficile à cerner : il s'agit simplement de présenter une auto à l'échelle 1/1 en compagnie de sa petite sœur, qui doit être équipée d'un moteur. Nous avions de grandes attentes sur cette classe, et nous n'avons pas été déçus : le display était impressionnant. Par exemple, nous pouvions compter sur la présence d'une Bugatti Type 35 accompagnée par une Type 52 Baby conçue par Ettore Bugatti, comme sur deux magnifiques BMW 328 Roadster ou deux Lotus FJ 20/22. Vous pouviez également retrouver l'un des 56 exemplaires de la petite Alpine A210 équipée d'un moteur 2-temps de 75cm³ et l'exemplaire à l'échelle 1 ainsi qu'une Matra MS650 qui n'a pas su trouver la parfaite miniature. C'est en effet une MS670 et non une MS650 qui complète la paire. La Ferrari 512S châssis 1016 a joué les stars, n'osant pas s'afficher aux côtés de ses inférieures. Son bébé lui est resté fidèle et est resté dans l'enclos Ferrari.

 

Au terme d'une bataille sans équivalent, le jury ne décerne pas de prix spécial mais le premier prix sera remporté par l'équipe de Molsheim. 

Bugatti Type 52 Baby (1926) &  Bugatti Type 35 – 1926 - Chantilly 2017
Bugatti Type 52 Baby (1926) & Bugatti Type 35 – 1926

Les Bugatti 57S

Un Concours d'Elegance à la française où Bugatti n'aurait pas sa propre classe, ce serait inadmissible ! Trêve de plaisanteries, Peter Auto a décidé de miser sur la qualité plutôt que sur la quantité. Pour ce cru 2017, les Bugatti Type 57 S seront mises en exergue. Cela paraissait logique, mais peu probable tout de même, qu'une Type 57 SC Atlantic fasse le déplacement. Et pourtant... Peter Mullin en a décidé autrement !

 

L'inestimable Bugati Type 57 SC Atlantic #57374 est donc venue arpenter les pelouses de Chantilly après un petit tour en avion depuis les Etats-Unis. Cet exemplaire mythique fut propriété du Seigneur Philippe de Rothschild de 1936 à 1941. Suite à un problème mécanique, il abandonna la voiture dans ni plus ni moins qu'un champ. L'erreur d'une vie ? En tout cas, cela fit le bonheur d'un certain Bob Oliver, qui avait un manque de goûts évident. En effet, ce charmant monsieur lui offrit une immonde peinture rouge vif et de plus grandes vitres arrière. Fort heureusement, quelques années après qu'il l'ait délaissée, la belle eut droit à une restauration complète au sein de la collection de Peter Williamson, qui lui offrit une seconde beauté, conforme à la sortie d'usine. Notons que ce châssis est le seul à posséder une carrosserie en magnésium, les deux autres étant en aluminium. C'est après ces quelques ébats que Peter Mullin, un homme de goût, l'acquiert.

 

A ses côtés étaient présentes une Type 57 SC Atalante, la toute vêtue de noir Type 57 S Atalante Gangloff et une Type 57 S Cabriolet Van Vooren de 1938. #57532 est un cabriolet Aravis ayant appartenu entres autres à Emile Jarron, puis l'illustre René Michel avant d'atterrir aux Etats-Unis où d'autres célébrités du monde automobiles la possédèrent, tels Luigi Chinetti et Briggs Cunningham.

Les Ferrari des 24 Heures du Mans : les GT et dérivées

Débutons les cérémonies envers la firme de Marenello d'une manière insolente, à haute vitesse. Quoi de mieux pour se plonger dans le bain, dans l'histoire d'une officine, que d'évoquer son passé, et en partie son présent, dans la course automobile. Une vingtaine d'années séparent les plus âgées des plus jeunes au sein de cette classe. Le panel des modèles va de la BB512 LM à la F430 Evo GTC. Celle qui se distingue à nos yeux, et il faut dire qu'elle est bien peu discrète, c'est la F40 LM GTE châssis #74045, un OVNI sur roues que l'on doit à Michelotto et non à l'usine. Elle s'octroie le prix spécial. Toutefois, la classe sera remportée par la BB512 LM, qui passa le drapeau à damiers en dixième position lors des 24 Heures du Mans en 1980. Ce châssis #32129 présente donc un certain intérêt historique, mais son élégance est toute relative. Notons la présence d'une 550 et d'une 575 sur les pelouses, bien difficiles à différencier munies de tous ces appendices aérodynamiques. L'exemplaire Rosso Corsa est une 550 GTO Prodrive tandis que l'exemplaire noir est une 575 GTC.

Les Ferrari des 24 Heures du Mans : les prototypes ouverts

On voit rouge ! Quatre autos prennent part à cette classe des plus importantes, et chacune est vêtue du fameux Rosso Corsa. La 250 Testa Rossa de 1958, grâce à ses courbes voluptueuses et aguicheuses, s'attire les grâces du jury en remportant le prix spécial. Cette auto, châssis #0728TR remporta la course mancelle l'année de sa sortie d'usine, aux mains de Phil Hill et Oliver Gendebien, donc la fierté avec laquelle son propriétaire la pavane aujourd'hui est tout à fait légitime.

 

Quelques années passent et Ferrari présente la 330P, auto qui remporte Le Mans en 1964. Sur les pelouses Le Nôtre aujourd'hui est présente #0820, qui termina deuxième au Mans 1964 et remporta les 1000 kilomètres du Nürburgring dans la foulée. Une année plus tard sort d'usine la troisième auto de ce plateau : une Dino 166/206 SP de 1965. Le summum de l'inélégance a tout de même eu droit à une place de choix au sein du Domaine de Chantilly... : Voici une 333 SP, qui écrasa la concurrence aux 24 Heures de Daytona puis aux 12 Heures de Sebring en 1998. Mais elle ne termina Le Mans qu'en quatorzième position.

Les Ferrari des 24 Heures du Mans : les prototypes fermés

Une classe qui découle de la précédente. Jean Guikas nous a fait l'honneur de faire venir des Bouches-du-Rhône sa Ferrari 250 LM de 1964, qui se distingue de ses congénères notamment par son nez Drogo d'origine. #5891 n'avait pas été présentée au public depuis plus de dix ans, et il s'agit bien évidemment d'un châssis inédit pour nous ! 

 

Considérée par beaucoup comme un must, le mythe qu'est la Ferrari 312 P se devait de marquer Chantilly de ses empreintes. Lors des 24 Heures du Mans 1969, l'auto prit feu. Heureusement, elle ne fut pas oubliée et se présente comme neuve face à nous aujourd'hui. Le bruit que dégage son moteur est tout simplement monstrueux : le samedi, l'auto tourna tambours battants durant plus de trente minutes et nous en gardons un souvenir mémorable.

 

Ornée du numéro 15, la Ferrari 512 S châssis #1016, n'est plus inconnue de grand monde ! Tout d'abord car l'auto apparut à moultes reprises dans The Man & Le Mans de Steve McQueen, où l'auto fut d'ailleurs victime d'un accident, mais également car elle était présente il y a trois ans en ce même endroit, sur ces mêmes pelouses. Nos chers lecteurs avertis s'en seront souvenus. 

 

Un modèle esthétiquement très semblable est également présent : il s'agit de la Ferrari 512 M #1002, qui courut deux fois les 24 Heures, en 1970 et 1971, sans le moindre succès. Son meilleur résultat est, semble-t-il, sa deuxième place au Tour de France 1971. Désormais propriété de Carlos Monteverde, l'homme vénézuélien semble vouloir se décider à prendre part aux événements Peter Auto historiques en sa compagnie, puis l'auto est apparue à Spa-Classic en mai dernier.

Les Ferrari des 24 Heures du Mans : les Daytona Groupe IV

Seuls certains modèles ont le privilège d'avoir leur propre catégorie dans un Concours d'Etat. Prenons par exemple les Jaguar Type-D dont cinq exemplaires étaient mis à l'honneur quelques jours auparavant durant le Hampton Court Concours d'Elegance, ou encore la Shelby Daytona Coupe dont les six exemplaires se retrouvaient côte-à-côte au Goodwood Revival en 2015. Chantilly Arts & Elegance marquera également les esprits avec pas moins de six Ferrari 365 GTB/4 Daytona Groupe IV alignées en 2017. Une classe qui nous ravit, en tant qu'aficionados du modèle !

 

Il semblerait que Jean Guikas ait de la chance. Le premier prix est accordé à sa Daytona, le châssis #12467 (numéro 58), une conversion commandée par NART et qui coûterait, s'il était proposé à la vente aujourd'hui, environ cinq millions d'euros. Cela laisse rêveur, quand on sait qu'une Daytona "basique" en vaut le dixième. N'ayant pas su se départager, les jurées attribueront deux prix spéciaux au sein de cette classe. Le premier est remporté par la neuvième des quinze Daytona Groupe IV produites officiellement, #15681, qui échoua lors de ses participations aux 24 Heures. Le second prix est décerné à la Daytona aux couleurs Francorchamps, qui s'est hissée en huitième position lors de l'édition 1972.

Les Ferrari des 24 Heures du Mans : les 250

Nous nous devions de garder le meilleur pour la fin ! Le mot exceptionnel ne suffit plus pour décrire la composition de cette classe. Les deux versions de la 250 GTO étaient présentes : WEC 2, une 250 GTO de 1962, châssis #4293GT est présente en compagnie d'un exemplaire de 1964, la dernière 250 GTO produite, châssis #5575GT. Logiquement, une 250 GT SWB et une 250 GT California se devaient de prendre part au concours. En fin de compte, ce ne sont pas des exemplaires anodins qui se trouvent face à nos objectifs : la SWB #2129GT que l'on rencontre chaque année au Tour Auto est présente, celle-ci même qui remporta le Tour de France en 1960. La 250 GT California est un châssis long, carrosserie en aluminium, éligible dans les épreuves historiques : étonnant pour un cabriolet de gentleman. Quelques mois après Chantilly, cet exemplaire sera mis en vente par RM Sotheby's à New York. Enfin, la voiture mythique du boulanger pressé, la 250 GT Breadvan, est présente. Cette auto est belle en toutes circonstances : salon, concours ou diverses épreuves historiques.

 

Mais une auto a plus particulièrement retenu notre attention, si bien que l'on lui a discerné les premières places de la galerie photo. Il s'agit de la Ferrari 250 GT SWB Sperimentale, châssis #2643GT, qui remporte un prix spécial. Sa teinte bleu pétant détonne avec ses voisines rouges et grises, mais lui va à ravir. Il se dit que la 250 GTO fut grandement influencée par ce prototype incroyable. En 1961, elle échoue au Mans, mais l'année suivante, l'auto terminera l'épreuve à une glorieuse neuvième position. Nous, on adore. C'est sans le moindre doute la plus belle surprise de ce concours à nos yeux, tout d'abord car cela fait des décennies que l'auto n'avait pas mis les pieds en Europe mais également car cette auto est une icône de beauté, à la fois racée et si élégante... Merci à Bruce McCaw d'avoir fait le déplacement en sa compagnie.

Le Concours d'Elegance

 

Visiblement, les constructeurs ne semblent plus trop intéressés à l'idée d'exposer ou de dévoiler leur vision de l'avenir à Chantilly. Seuls cinq véhicules sont présentés au public, dont seulement deux véritables concept-cars. Un concept-car est un véhicule expérimental produit en un seul et unique exemplaire, découlant de plusieurs maquettes, destiné à montrer une technologie, des éléments de style ou des innovations. La Mclaren 720S est produite en série depuis le début de l'année, ce n'est donc pas un concept-car, il en va de même pour l'Aston Martin Vanquish Zagato Volante, bien que magnifique et que nous sommes ravis d'avoir pu l'observer sous toutes les coutures, qui est produite à 99 exemplaires, tous d'ores-et-déjà vendus. Excluons également le DS7 Crossback Présidentiel, qui n'est autre qu'un véhicule de série aménagé. Le nouveau SUV de DS Automobile est apparu sur les Champs-Elysées le dimanche 14 mai 2017, le vingt-cinquième président de la République Française à son bord, quelques mois avant sa commercialisation. Un coup marketing réussi ! 

 

Venons-en aux deux concept-cars : pas de surprise, ils ont tout deux été présentés au Mondial de Paris l'an passé, enchaînant depuis les manifestations automobiles partout en France et dans le monde, ils étaient d'ailleurs à Rétromobile en début d'année ! La fabuleuse Renault Trezor est accompagné d'un mannequin habillé par Balmain tandis que la Citroën CXpérience, que l'on croirait datée de dix ans, est associée à une robe du couturier Yang Li.

L'ambiance et les clubs

 

S'il faut reconnaître un point en lequel Peter Auto survole toute la concurrence européenne, c'est en sa capacité à rassembler plus de 800 autos de clubs chaque année. Des autos d'un acabit raffiné, dans un cadre magnifique, possédées par des propriétaires accueillants. L'ambiance est également très agréable, tout le monde joue le jeu et se met sur son trente-et-un. Il est donc très agréable de se balader dans les allées du château en toute quiétude. De plus, les jeux et les différentes activités mises en place dans le cadre du concours sont un réel point positif, car on n'a pas l'occasion de jouer au palet breton tous les jours, ou à quantité d'autres jeux tout aussi feutrés. Il n'est d'ailleurs pas difficile de trouver des partenaires pour s'amuser en ce dimanche d'élégance. 

 

Revenons-en au côté automobile, raison de notre présence. On dénombre dans les clubs trois Ferrari F40, cinq ou six Maserati Ghibli, de sublimes Aston Martin DB4 & DB5, ou bien encore des Ferrari 275 GTB et autres 250 GT Lusso. Petit coup de coeur tout de même pour une sublime Porsche 911 2.7L Carrera RS couleur tangerine. Une Alfa Romeo TZ était également présente.

Les Best of Show

 

Fin d'après-midi, ciel couvert. L'heure est venue de dévoiler les Best of Show du week-end ! Et la surprise fut de taille. Au lieu des deux autos encensées jusqu'alors, le jury décide pour la première fois de primer quatre autos ! Deux concepts-cars et deux participantes du Concours d'Etat. Somme toute, les résultats sont assez logiques. Puisque seuls deux "vrais" concepts-cars étaient présents, autant les récompenser tous deux. Côté Concours d'Etat, il est indéniable que deux autos se sont particulièrement distinguées et sont pourtant incomparables. Le jury n'ayant pas su se départager, Max Girardo distingue donc un Best of Show d'avant-guerre et une Best of Show d'après-guerre. Peter Mullin remporte pour la deuxième fois en quatre ans le Concours d'Etat de Chantilly Arts & Elegance. Sa Bugatti Type 57 SC Atlantic vient prendre un bain de foule, cette fois-ci moteur tournant (ce n'était pas le cas ce matin), mais en compagnie de l'incroyable Ferrari 250 Testa Rossa de Sir Michael Kadoorie, qui prononcera de magnifiques mots sur son auto, peut-être les plus marquants du week-end : "Je ne suis que le gardien pour une période donnée de cette automobile", sous-entendant que c'est son rôle de présenter cette beauté au public. Cette victoire doit d'ailleurs être un soulagement pour lui, car l'auto est repartie de Pebble Beach bredouille, quelques semaines auparavant.

Bugatti Type 57 SC Atlantic #57374 1936 – Best of Show Chantilly 2017

Chantilly agit comme un vin spiritueux, il faut du temps pour se rendre compte que nous sommes face à une pépite. Avec un peu de recul, cet événement est un déferlement d'élégance, les plus belles voitures du monde sont toujours au rendez-vous, simplement la forte concentration de Ferrari, exceptionnelle, nous a fait croire le temps de quelques jours, sous couvert d'illusion, que les autres autos présentes étaient d'un niveau négligeable. En re-re-regardant nos photos, nous n'avons qu'une chose en tête : vivement l'an prochain !

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