Depuis quarante années, le mois de mars réserve à quelques privilégiés un spectacle à ne manquer pour rien au monde ! C'est le temps de deux journées, et à quelques heures de route de Paris chaque année, que se déroulent les 100 GT. Cet événement plutôt intime, on le doit à Lucien-François Bernard, qui lança la folle aventure des 100 GT voilà quelques décennies. Depuis quelques années, l'événement est organisé par son fils Edouard Bernard mais également par Pierre Gosselin, le président du Porsche 356 Club de France.
Si l'an dernier, les belles routes de l'Aisne avaient eu l'honneur d'accueillir de belles mécaniques, le choix du jury s'est porté cette année sur les recoins de la Seine-et-Marne et de l'Aube, proposant ainsi aux participants des itinéraires axés autour de la ville de Provins, d'ailleurs classée au patrimoine mondial de l'humanité ! Le rendez-vous entre ma personne et ces joyaux de l'histoire automobile aura finalement lieu le samedi 11 mars 2017, à une heure où ceux qui ont la chance de ne pas travailler dorment encore. Je me trouve alors dans la cour de l'hôtel "Aux Vieux Remparts" dans la cité médiévale de Provins.
Avant de me pencher véritablement sur les autos qui se baladeront sur les routes de Seine-et-Marne et de l'Aube en cette journée si particulière, je souhaiterais tout de même évoquer une auto : il s'agit indéniablement de l'un de plus beaux modèles de l'histoire de Bentley. Et oui, c'est bel et bien une R-Type, un superbe coupé assorti à une livrée que j'adore. Si je parle de cette auto de manière aussi précoce, c'est parce que, malheureusement, elle ne pourra reprendre la route ce matin, victime d'une panne mécanique...
Très vite, les participants prennent la route du Château de la Motte-Tilly, un chef-d'oeuvre jouissant de grands espaces. Un parc de soixante hectares et un domaine de pas moins de 1080 hectares l'habillent. C'est à partir de 1754 que ce château fut édifié. S'il n'y a pas eu de révolution stylistique sur les extérieurs du château depuis cette époque, c'est une autre paire de manches en ce qui concerne les communs : après avoir été rasés en 1813, il faut attendre quelques deux cent années pour qu'un projet de restauration puisse voir le jour. Aujourd'hui, le château se présente donc à nous dans un superbe état. Il est aujourd'hui propriété de la Caisse Nationale des Monuments Historiques, à qui l'a légué la dernière propriétaire du château, la marquise de Maillé.
Pénétrons dans le vif du sujet. Si vous naviguez sur ce site, c'est que aimez les belles automobiles alors vous allez être servis ! Les quelques photos qui précèdent ce texte ne constituent en quelque sorte qu'un avant-goût, mettant en valeur les superstars de cet événement. La Lamborghini Miura jouait effectivement le rôle de tête-d'affiche en compagnie de la Ferrari 365 GTB/4 Daytona. Un duo de choc qu'il n'est pas aisé de croiser dans la nature. Mais d'autres autos se distinguaient, à l'image des deux AC Ace, une pour le mari et l'autre pour sa femme. Une mise en scène très singulière est tout aussi touchante ! Ainsi, les années soixante et soixante-dix étaient fièrement représentées, par des véhicules de toutes contrées : l'Allemagne avec les Porsche 356 et 911, l'Italie avec un nombre impressionnant de Ferrari sans oublier une DeTomaso Pantera et deux belles Lamborghini, la Miura et une Countach, ou encore l'Angleterre avec les AC et autres Jaguar Type-E. Côté français, nous pouvions également être fiers, car une belle Delage DI 50 Spécial était là.
Voilà une preuve de plus, si l'édifice n'était pas assez conséquent, que l'art, l'histoire et l'automobile sont des éléments qui se marient à la perfection. Le style du Château de la Motte-Tilly n'a pourtant rien à voir avec les lignes acérées de la Lamborghini Countach 5000S. Plusieurs siècles se contemplent et le résultat n'en est que plus étonnant, et intéressant !
Reprenons le volant. Le programme de cette matinée n'a rien d'une promenade de santé : une pause, aux airs de surprise, attend encore les concurrents. Direction le petit village d'Ozouer-le-Voulgis pour découvrir ce qu'il en est.
Les propriétaires arrivent peu à peu dans cette ferme si magique. Le secret qu'elle referme est insoupçonné et n'est pas à la portée du premier venu. Derrière ces murs de pierre se cache un véritable trésor de guerre.
Nous sommes à Equipe Europe, un atelier de préparation d'automobiles. C'est ici que les équipes d'Yvan Mahé bichonnent les belles lorsqu'elles ne se retrouvent pas livrées à elles-mêmes sur l'asphalte. Le repos est précieux pour que ces autos puissent affronter la dure concurrence internationale dans les épreuves historiques. La préparation semble mener à des résultats concrets puisque la plupart des autos ici-présentes affichent plusieurs victoires au compteur.
Lister-Jaguar Knobbly, Porsche 935, Ford GT40, Lola T70 ou encore Ferrari 275 GTB, ce sont autant de noms qui résonnent dans le cerveau de l'aficionado averti. L'ambiance dans cet atelier est réellement magique, il n'est pas impossible d'en ressortir avec quelques frissons. Un grand merci aux 100 GT pour nous avoir offert cet arrêt dans le monde du rêve.
Cette édition des 100 GT était placée sous la devise "40 voitures, 40 chambres, 40 ans", et force est de constater que l'efficacité de cette dernière fut maximale. Il n'est pas possible de douter un instant sur le fait que les quarante autos présentées avaient toutes leur particularité et un charme auquel personne ne pourrait résister. Désormais, je suis aux aguets quant à l'édition 2018 de ce merveilleux événement. Quittons nous avec cette Lamborghini Miura, garée devant l'étape gastronomique de ce samedi mémorable, sur la route du retour vers Paris...